À ma question concernant l’état de sa cheville, Sélène m’expliqua qu’elle ne pouvait pas marcher, à chaque fois qu’elle se tenait debout sur ses deux pieds sont pied droit la lançait, c’était d’ailleurs à cause de cela qu’elle m’avait réveillé. Elle continua en me demandant si je pouvais aller quérir un guérisseur dans un village proche pendant qu’elle m’attendrait ici.

Je n’étais pas vraiment pour la laisser ici. Même si ce n’était que le temps de faire venir un guérisseur, on ne savait pas dans quelle direction était le village le plus proche et si son guérisseur pouvait se déplacer.  La situation était assez problématique.

Je me mis à fixer le feu en réfléchissant. Je ne pouvais pas me résoudre à la laisser seule, il devait bien y avoir une solution… Alors que le repas était enfin prêt, que je laissais la chanteuse se servir, je continuais de me retourner le cerveau… Une solution…

Perdu ma réflexion, je revins brutalement à la réalité lorsque quelque chose me frappa à l’arrière du crâne et commença à mordiller mon kimono. Me retournant, je fus soulagé en voyant Tyr. Il perdait pas le nord celui-là. Sortant le sac de riz, je lui tendis son repas et… Je me disais que j’oubliais quelque chose.

« Tu tombes bien toi ! On va bientôt lever le camp. »

Reportant mon attention sur Sélène, je pointai ma monture du pouce par-dessus mon épaule.

« Sélène, je vous présente Tyr, le cheval que m’a légué ma mère.  Grâce à cette tête de mule, je vais pouvoir vous menez jusqu’au village le plus proche et son guérisseur. »

Tyr me donna un nouveau coup derrière le crâne.

« Qu’est-ce que t’as ? T’aimes pas que je t’appelle « tête de mule » ? Dommage, car c’est ce que tu es. »

Suite à ma petite dispute avec Tyr, Sélène affirma se demander qui était le plus têtu d’entre nous deux. L’un comme l’autre, nous plaçons la barre très haute, mais je pense que, sans me vanter, je dois être plus borné que lui.

Cet interlude terminé, le petit-déjeuner disparu rapidement et nous étions prêt à lever le camp en un rien de temps. Tandis que je sellais Tyr, Sélène m’interpela. Elle m’avoua n’être jamais montée à cheval auparavant et que cela lui faisait un peu peur.

« Ne vous inquiétez pas. Je dirigerais Tyr grâce aux rênes. Vous aurez juste à vous asseoir sur la selle. »

M’assurant que la selle était bien sanglée, je tapotai l’encolure de mon compagnon.

« Puis, il ne faut pas croire, mais, se cheval est un vrai tendre. Il maternait ma sœur presque autant que ma mère. Il n’y a d’ailleurs aucun risque en cas d’imprévu, ma mère était troubadour donc cette « tête de mule » est habituée aux périodes de stress. »

Tyr secoua la tête en m’entendant l’appeler « tête de mule » une fois de plus. C’était vraiment une brave bête se cheval. Si Mitsuna et moi, n’aurions pas été là, il se serait sans doute laisser mourir de faim afin de rejoindre ma mère dans l’autre monde.

Bon… Le moment de partir était arrivé. Je me tournai alors vers Sélène.

« Prête ? Je vais vous aider à vous installer sur la selle. »

Elle hocha simplement la tête. Elle devait être encore nerveuse à cause de sa première chevauchée. Je l’aidai à prendre place sur la selle, elle me remercia, puis je pris les rênes afin de diriger Tyr.

Marchant d’un pas sûr, je jetais de temps à autre, un coup d’œil en direction de Sélène, histoire de voir si tout allait bien. Elle semblait avoir la tête ailleurs, c’était en quelque sorte un bon signe, car cela signifiait qu’elle ne paniquait pas du fait d’être à cheval.

Alors que nous marchions depuis un petit moment déjà, la chanteuse me demanda comment était Mitsuna. Je levai les yeux au ciel tandis que je réfléchissais. Elle avait peut-être changée depuis la dernière fois que nous nous étions vus. Presque un an… J’espère qu’elle va bien.

« Elle a, à peu près, une tête de moins que moi. Elle tient ses cheveux et ses yeux de ma mère, long, lisse et blond pour les cheveux, mauve et expressif pour les yeux. Contrairement à moi, elle porte merveilleusement bien les vêtements hoshidien comme nohrien, bien qu’elle ait une préférence pour les vêtements nohrien, elle porte souvent des vêtements hoshidien… Je ne me souviens pas que sa peau soit marqué d’une quelconque marque, elle avait d’ailleurs un teint assez clair. »

C’était tout ce dont je me souvenais concernant son apparence. Mais comme je l’ai dit, cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vu, il se peut qu’elle ait beaucoup comme peu changée.

« Comme moi, elle avait le cœur sur la main, bien que nos façon de faire soit assez différente. Je me souviens qu’elle nous a souvent apporté de quoi manger à la frontière. Contrairement à moi, elle était beaucoup plus ouverte à la discussion, elle n’était aucunement timide. Même si elle s’est calmée en grandissant, elle était quelqu’un de très actif, elle avait beaucoup de mal à rester inactive lorsqu’elle était plus jeune. Après, comme tout le monde, elle a ses petites manies. Ça fait tellement longtemps que je la recherche… »

Je crois que c’est, à peu près, tout ce que je pouvais dire sur elle. En y repensant, elle me manque terriblement, mais ce n’était pas le moment de m’apitoyer sur mon sort, je savais que je la retrouverais un jour.

J’allais, à mon tour, la questionner sur sa sœur, mais il me semble qu’elle avait parlé d’elle au passé la veille, non ? Je ne voulais pas prendre de risque avec ça.

« Dites-moi… Comment vous est venue la passion du chant et de la danse ? »

Sélène m’avait écoutée attentivement tandis que je lui parlais de Mitsuna. Ensuite vint le moment de parler d’elle.

C’était donc sa mère qui lui avait donnée cette passion, elle et sa sœur la suivait partout lors de ses représentations, la musique était omniprésente dans sa vie. Puis sa mère mourra. Devenues orphelines, elles faisaient de leurs mieux afin de survivre, chantant et mendiant. Elles furent finalement sauvées par une femme du nom de Lana. Celle-ci leurs enseigna la danse.

Elle me parla alors d’elle, de ses difficultés à liés des liens avec d’autre personne ou même à communiquer avec elle. Habituellement, elle n’arrive pas à tenir une conversation, ce qui est assez frustrant pour elle. Se trouver en présence de deux personnes la rend nerveuse, les foules  la mette mal à l’aise. Chanter et danser la fait se sentir vivante, elle n’a plus peur de s’exprimer et le fait de toucher autrui, elle trouve ça magique.

Elle se surprise elle-même à la fin de son monologue, s’excusant, elle affirma ne pas parler autant au d’habitude. Elle ajouta qu’elle ne voulait pas m’ennuyer et elle préféra faire tourner la conversation sur mes hobbys et mes passions.

Mes  hobbys et mes passions… Je ne me suis jamais vraiment fixer de hobbys ou de passions, elles me viennent de manière assez instinctif et par conséquent…

« À part dormir à l’ombre des cerisiers et les observer, je n’ai pas énormément de hobby ou, en tout cas, pas réellement défini. Je pense que je peux considérer la pêche comme un hobby ou encore observer les paysages qui s’offrent à moi. Concernant mes passions… Je dirais la lecture et la culture en générale… Après, je ne sais pas si je dois placer l’agriculture dans les passions ou les hobbys. J’aime beaucoup aider aux champs, je trouve cela d’autant plus gratifiant lorsqu’on mange quelque chose que l’on a soi-même fait pousser. Et vous, quelles sont vos hobbys et vos passions ? »

Comme je m’y étais un peu attendu, Sélène n’avait de passion que le chant et la danse. Concernant ses hobbys, elle aimait lire, recueillir des histoires, en inventer ou même les mettre en chant. Elle aimait également regarder les étoiles, se promener de nuit et être assister à des spectacles.

Elle termina en ajoutant qu’elle aimait découvrir des spécialités culinaires et dormir, bien que cela ne pouvait pas être placé ni dans les hobbys, ni dans les passions. Elle m’avoua ne pas être du matin que, contrairement à sa sœur, elle préférait le soir au matin.

La conversation rebascula sur moi. Elle me demanda si c’était la première fois que je venais en Nohr. J’hochai la tête.

« Oui… C’est la première fois que je viens en Nohr. Je n’ai jamais quitté le territoire hoshidien jusqu’à il y a trois jours désormais. J’étais garde-frontière comme mon père, alors jusqu’à la signature du traité de paix, nous étions en permanence sur nos gardes et la garnison était au maximum de ses effectifs. Maintenant que la paix règne, nous sommes plus détendus et comme nos effectifs peuvent s’autoriser à être réduit, j’ai pu partir en pèlerinage ici, en Nohr. D’une part pour chercher des informations sur ma sœur, d’une autre part pour visiter le village natal de ma mère. »

Voilà. C’était, à peu près, tout. D’ailleurs, quand j’y repense, je ne savais pas précisément où se trouvait le village de ma mère. Je sais qu’elle m’avait dit qu’il se trouvait à environ deux heures de cheval de la capitale, mais rien de plus. Normalement, je saurais lorsque je serais dans le bon village lorsqu’on réagira face à son nom.

« Et vous, c’est votre première fois en Nohr ? »

Elle était donc de Cyrkensia et elle n’avait jamais que conne cette ville et ce, jusqu’à ce qu’elle s’aventure en terre nohrienne. Elle ajouta que c’était étrange de ne connaître de son pays natal qu’une ville. D’un point de vue, ça l’était, mais d’un autre, si elle s’y plaisait et qu’elle n’avait pas de raison de quitter Cyrkensia, ça ne l’était pas.

Comme pour combler son manque de connaissance vis-à-vis du monde, Sélène me questionna sur Hoshido. Son peuple, ses traditions, les différences avec Nohr que j’avais remarqué… En bref, tout ce que je pouvais lui dire. C’est en tout cas ainsi que je l’ai compris.

« Hmm… Je dirais qu’Hoshido est un pays ancestral. Nous comptons beaucoup sur les traditions et les valeurs de nos ancêtres. Un peu à la manière des lignées de chevalier en Nohr, nous avons des lignées de samouraï. Famille, le pays et l’honneur comptent parmi nos valeurs les plus importantes. Pour ma part, la famille passe avant l’honneur qui passe avant le pays. Il m’est très difficile de donner des différences entre Hoshido et Nohr car, bien qu’elle était nohrienne, ma mère s’est rapidement habituée à nous us et coutumes jusqu’au point où on aurait pu dire d’elle qu’elle était hoshidienne de naissance. Je peux néanmoins affirmer que l’étiquette  est assez similaire de mon point de vue et que, malgré la différence d’aliment, Nohr et Hoshido ont des plats assez ressemblant. »

En y repensant, j’aurais peut-être dû demander à ma mère de m’apprendre quelque plats nohrien simple. Les plats ont beau se ressembler, il y a un quelque chose de différent d’un plat à l’autre et c’est ça qui m’avait fait apprécier les quelques rares plats nohrien que ma mère nous préparait.

Suite à mon monologue sur Hoshido, Sélène déclara qu’il devait s’agir d’un beau pays.

« Je ne vous ferais pas dire le contraire. Les paysages sont vraiment magnifiques. »

Sinon nous nous étions rencontré plutôt, je ne parlerais pas d‘expérience. Lors de mes vagabondages à la recherche d’information, j’avais pu admirer les nombreux paysages qu’offrait Hoshido chacun plus sublime que les autres.

Sélène me ramena rapidement à la réalité en me demandant comment je m’étais fait ma cicatrice. C’est vrai que depuis le temps que je l’ai, je n’y fais plus vraiment attention. En même temps, cela remonte à longtemps… Très longtemps.

«  Ça ? Il s’agit d’une longue histoire. Comme je vous l’ai dit, la famille est pour moi une valeur extrêmement importante et je considère mon village natal comme ma famille. J’avais seize ans à l’époque, mon père m’entraînais déjà au maniement du katana et m’inculquait les principes du bushido, un équivalent de la chevalerie nohrienne. Un groupe de bandit avait été repéré non-loin de notre village, ils semblaient avoir des vues dessus, aussi avons-nous prit les devants. Je ne fus pas autoriser à rejoindre le petit bataillon que les gardes-frontières avaient formé, mais comme vous le savez je suis têtu. Malgré l’interdiction je les ai tout de même suivi, et cela, armé d’un vulgaire katana en bambou que j’utilisais pour mon entraînement. »

Quand j’y repense, il s’agit de mon acte le plus téméraire (suicidaire selon certain) dont je me souvienne.

« Lorsque je suis arrivé, c’était un vrai massacre. Des corps partout, aussi bien des gardes-frontières que des bandits. J’étais terroriser, cependant, un cri me tira de cette vision cauchemardesque. Portant mon regard sur la bataille qui avait lieu un peu plus loin, je vis mon père au sol et un des bandits approcher pour l’abattre. À ce moment, deux de mes valeurs me permirent d’agir : La famille et l’honneur. De mémoire, je n’ai jamais couru aussi vite que ce jour-là. Arrivant in extremis, la lame du bandit perfora sans problème mon katana de bambou et m’écorcha le visage. »

Je dessinai d’un geste vif, l’entaille horizontale de ma cicatrice.

« Surpris par mon intervention, il fut perdu durant une seconde, seconde pendant laquelle je n’ai pas hésité à agir. Je lui ai asséné un violent coup de pied. Encore plus surpris, il lâcha son arme. Grâce à l’adrénaline, je n’ai, à nouveau, pas hésité. Dégageant le katana, je l’ai pris et alors que j’allais l’abattre, je ne le fis pas. Voyez-vous, je suis extrêmement indulgent, j’ai donc arrêté la lame toute proche de son visage avant de la relevé… Cependant, on me dit également que je suis trop naïf. Le bandit sortit un tantō, un katana à la lame courte et m’attaqua. J’ai réagis un peu lentement et… »

Je suivi, cette fois, le tracé vertical.

« C’est finalement mon père qui l’acheva… Voilà toute l’histoire. Je ne vous raconte pas le fait que nous ayons remporté la victoire et que, malgré les sermons de mon père, je porte avec fierté cette cicatrice car elle le représente le fait que, malgré tout, j’ai suivi, je suis et suivrais toujours mes propres valeurs. »

C’est que ça me rajeunit pas de parler de ça. Huit ans… C’est dingue ce que le temps peut passer vite.

À la fin de mon récit, Sélène affirma que je défendais de belles valeurs. C’était les valeurs que j’avais choisis de défendre, il me semblait normal de le faire avec force et conviction, on se doit de se vouer corps et âme à nos valeurs car elles font parties de nous en quelque sorte.

Avec tout cela, un village fut enfin en vue. Sélène allait pouvoir faire guérir sa cheville et nous allions reprendre chacun notre route. Les regards se posèrent sur nous… Tss… Est-ce que certains auraient une telle haine envers Hoshido qu’ils seraient capable de lancer l’assaut ? J’espère pour eux que non, je pourrais facilement en battre deux ou trois simultanément, mais espérons que je n’ai pas à en venir là.

Je m’approchai d’un jeune homme d’à peu près mon âge. Tout le monde se préparait comme si j’avais l’intention de l’attaquer, si bien que je dû garder les mains lever à environs la moitié de mon torse afin que l’atmosphère soit moins tendue. Expliquant rapidement la situation, il m’indiqua du regard une maison un peu plus loin, je le remerciai par un salut nohrien avant de prendre le chemin de la maison.

Arrivant devant la maison, je frappai à la porte et on vint rapidement m’ouvrir. J’aidai Sélène à descendre de Tyr puis à prendre place dans la maison du guérisseur afin d’y recevoir les soins approprier.

« Nos chemins se séparent ici, mais souvenez-vous… Nous nous croiserons à nouveau. Si vous n’y croyez pas assez fort, alors je le ferais pour vous… De toute façon, il faudra bien que vous me la rendiez un jour… »

Pas besoin d’en dire plus, elle savait très bien de quoi je parlais. Avant de sortir, j’attrapai le guérisseur par le bras et lui chuchota :

« Elle est nestrienne, pas hoshidienne… Alors ne la traitez pas comme vous me traiteriez… Sinon, je ne pense pas avoir du mal à vous retrouver… »

Peut-être que cela ne contribue pas à faire avancer les relations Nohr-Hoshido, mais je devais m’assurer que Sélène ne risque rien et pour ça, paraître menaçant aide beaucoup.

Sortant de la maison, je sautai en selle.

« Aller mon grand. On a encore de la route à faire. »

On se reverra Sélène… On se reverra…