Malgré mon travail de garde-frontières, on m’avait autorisé à prendre quelques jours de repos. Avec le traité de paix, la garnison chargée de surveiller les frontières pouvait être restreinte. Cependant, pour moi, le repos n’était pas à l’ordre du jour. J’avais à peine pris le temps de passer chez moi afin de prendre quelques provisions puis j’étais parti en direction de la partie sud du territoire hoshidien.

Heureusement pour moi, aucun problème n’était survenu… Enfin… Jusqu’à présent. La journée avait bien commencée. Un ciel sans nuage, un vent léger permettait de maintenir une chaleur agréable. Les lieux que je traversais était de tout beauté et paraissait d’un calme imperturbable. Mais le seul problème pour moi à présent, c’était de savoir où j’étais.

Un baluchon sur l’épaule,  une main posée sur le manche de mon katana, la préférant ainsi que ballante, j’observais les lieux m’entourant. C’était bien beau de vouloir me diriger vers le sud du territoire, mais encore aurait-il fallu que je sache où je me rendais, ou alors que j’ai avec moi une carte. Pour le moment, je perdais juste du temps à me retrouver mon chemin, ce qui retardait le moment où je retrouverais Mitsuna.

Je pesterais bien contre moi-même mais je n’avais pas envie de troubler la seule chose qui me maintenait un minimum calme : la tranquillité des lieux.  Tourner en rond m’agaça suffisamment vite pour que je me sente obligé de troubler la béatitude ambiante.

« Hey ! Il y a quelqu’un ? »

Je ne pouvais m’autoriser à tourner en rond indéfiniment. J’espérais juste que quelqu’un m’ait entendu, car dans le cas contraire, j’aurais l’air bien fin à crier cela dans le vent.

J’attendu… Encore un peu… Mais rien… Je lâchai alors un soupir. Bon… Quitte à être perdu, autant en profiter pour me reposer un peu et manger un morceau. M’adossant à un arbre, je sortis un morceau de pain et de viande séchée de mon baluchon. Mordant dans le pain, je levai la tête vers le ciel. Si seulement j’avais un pégase ou un kinshi, j’irai beaucoup plus vite… Remarque, j’ai bien le cheval que ma mère m’a laissé, mais je ne suis pas vraiment très doué.

Alors que je m’apprêtais à lâcher un nouveau soupir, je cru entendre des bruits de pas se rapprocher. Me redressant lentement, je porta une main sur mon arme, prêt à dégainer. Cependant, cela ne fut pas nécessaire. La personne qui se rapprochait n’était qu’une jeune fille. Je fus surpris de voir deux oreilles dressées parmi ses cheveux et une queue si semblait dénoncer une certaine excitation. Une Kitsune, ça pour une surprise. Lâchant un soupir de soulagement,  j’ôtai ma main de mon arme néanmoins… Une jeune fille… Il avait fallu que ce soit une jeune fille… Kitsune, certes, mais une jeune fille tout de même.

J’avais à peine eu le temps de songer à cela qu’elle se précipita vers moi et m’assailli de question en tout genre. Elle me demanda d’où je venais, comment était le monde en dehors des montagnes et si j’étais un humain, tout cela avant de se présenter sous le nom d’Aimi. Ma seule réflexion sur le coup fut : « Pas si proche, recul un peu. » Mais je me suis rapidement fait que, vu la fascination de la jeune renarde, mieux valait répondre afin qu’elle veuille bien s’écarter un peu.

« Doucement jeune fille. Maintenant, dans l’ordre. Bonjour à toi, oui je suis un humain, je viens d’un village plus au nord. Le monde hors de la montagne cela dépend d’où tu veux parler et pour ma part, je m’appelle Ayama. »

Voilà. Je pense que cela devrait la calmer un moment… Enfin, je l’espère… En tout cas, j’espère qu’elle va rapidement ce calmé. Elle est la seule personne qui puisse me guider hors des montagnes que je suppose être celles des Kitsunes, car au vu de son âge, elle ne doit pas être souvent sortie du territoire. Cela n’est que supposition mais espérons qu’elle sache au moins le guider jusqu’au limite du territoire.

Je crois que je suis tombé sur une vraie boule de nerf. Force m’étais d’avouer que cela faisait chaud au cœur. Sans doute s’entendrait-elle bien avec  Mitsuna… Mitsuna… Où es-tu ? En tout cas, ne t’inquiète pas, je te retrouverais, où que tu sois… Mais pour le moment, j’ai un autre « problème », dirons-nous, sur les bras.

Elle était donc bien une Kitsune, le contraire aurait été étonnant. Elle affirma vivre par ici, le village ne devait donc pas être loin, enfin je suppose.  La jeune fille sembla réfléchir à quelque chose, ce qui me laissa un moment de répit durant lequel j’en profitai pour reprendre ma place contre l’arbre. Mais à peine avais-je repris place que Aimi reprit l’assaut en me demandant ce que je venais faire ici.

« C’est… Un peu délicat… C’est juste que… Je me rendais dans le sud et en passant par ici… Je me suis perdu… Voilà… »

C’était aussi simple que ça. Je devais avoir l’air fin mais bon, ce n’est pas tout mais je devais régler ce problème.

« Mais dit moi Aimi… Comme tu es une Kitsune, tu dois connaître les environs. Est-ce que tu pourrais m’aider à retrouver mon chemin ? »

J’espère qu’elle pourra m’aider. Bien entendu, je payerais cette dette que je lui devrais, de toute façon, je devrais repasser par ici afin de retourner au village. En plus, lorsque j’aurais retrouvé Mitsuna, je reviendrais sûrement ici afin qu’elle puisse admirer le paysage, elle apprécierait sans aucun doute. Mais pour le moment, je reportais mon attention sur la jeune Kitsune, j’espérais vraiment qu’elle pourrait m’aider.

Aimi semblait… Déçue ? De savoir que je m’étais perdu. Y avait-il une raison particulière à cela ? Sans doute, peut-être. Quoiqu’il en fut, après un court instant, la jeune Kitsune affirma ne pas connaître la montagne par cœur, mais qu’elle devrait pouvoir m’aider et qu’au besoin, elle irait demander de l’aide à ses amis au village.

« Je pense que nous dérangerons tes amis qu’en dernier recours. »

Pas la peine que j’importune d’autre Kitsune, j’étais sûr qu’Aimi arriverait à me montrer le chemin. Elle s’avança de quelque pas dans une direction, hésitante. Sans doute cherchait-elle un repère pour se remémorer le chemin à prendre. Cela ne l’empêcha pas de me poser d’autres questions. Où j’allais et si j’avais déjà rencontré d’autre Kitsune.

« Je me rends plus au sud afin d’aller chercher ma petite sœur… Et sinon, je n’avais jamais rencontré de Kitsune avant toi, mais mon père en avait déjà rencontré, alors il m’a raconté ce qu’il savait sur ton peuple. »

Je m’étais levé, prêt à la suivre dès qu’elle se souviendrait du chemin à prendre. J’y réfléchissais, mais je me demande bien comment je pourrais la remercier lorsqu’elle m’aura aidée à trouver mon chemin. Et maintenant que j’y pense… Mitsuna doit être, à peu près, dans la même tranche d’âge qu’elle, je suis sûr qu’elles s’entendraient bien toutes les deux. Enfin bref… Espérons qu’Aimi se souvienne du chemin et que nous n’ayons pas besoin de déranger ses amis.

Lorsque j’évoquai le sud, la jeune Kitsune sembla se remémorer le chemin à suivre. Sans rien dire, je la suivie en restant légèrement en retrait. Mon père avait dit vrai, les Kitsunes disposent d’une bonne humeur qui semble à toute épreuve, bien que je ne pouvais pas l’affirmer, c’est ce qu’elle me paraissait être. Je fus rapidement tirée de mes pensées par de nouvelles questions de la part d’Aimi. Elle me demandait ce que m’avait raconté mon père à leur propos et comment il avait appris ces choses.

« Mon père a rencontré un Kitsune lors d’une de ses gardes à la frontière. Ce dernier voulait voyager vers le nord, dans les parties encore inexplorées des cartes. C’était en soirée donc mon père lui à proposer de l’héberger pour la nuit, c’est là qu’ils ont discutés. Pour ce qui est de ce que mon père m’a raconté sur les Kitsunes… Il m’a raconté qu’il existait des personnes avec des oreilles et une queue de renard, qu’ils auraient la capacité de se transformer en renard, qu’ils avaient une bonne humeur à toute épreuve et qu’ils habiteraient quelque part dans des montagnes sur le territoire hoshidien. »

À peine avais-je terminé que la jeune fille m’assailli d’une nouvelle interrogation : À quoi ressemblait ma petite sœur, quel était son nom et qu’est-ce que cela faisait de ne pas être enfant unique. Je déglutis, la dernière image que j’avais d’elle remontait à quelque années déjà, j’espérais qu’elle n’avait pas trop changée.

« Mitsuna, ma petite sœur, à environs une tête de moins que moi, ses cheveux sont long, lisse et blond et ses yeux sont mauves et expressif, elle tient beaucoup de notre mère. Elle avait une peau claire et parfaite et elle portait à merveille les vêtements nohrien et hoshidien bien qu’elle préfère les tenues nohrienne. Elle gentille, sociable et aussi un peu super-active. En tant que grand-frère, j’avais certaine responsabilité. Je veillais sur elle, m’assurait que rien ne lui arrive et… »

Je m’y attendais. Lorsque j’ai entendu Aimi me questionner sur ce que cela faisait d’avoir un frère ou une sœur, je m’attendais à ce que cela me reste en travers de la gorge lorsque j’en parlerais. Je disais que je devais veiller sur elle, que je devais m’assurer qu’il ne lui arrive rien… Mais si j’avais correctement joué mon rôle de grand-frère, cela ne serais jamais arrivée. Enragé par ma propre frustration, j’avais commencé à serrer les poings et à me mordre la lèvre. J’étais sur le point de me mettre à saigner lorsque je commençai à me calmer.

« … Et je dois toujours être là pour elle. C’est pour ça que je vais dans le sud… Afin d’être là pour elle… »

Je m’étais promis de la retrouver et de la sauver, je ne reviendrais pas sur ma décision.